"A la recherche du temps retrouvé" In search of found time
Chronique par Gladys. Translation by Melissa Kathryn
Je voudrais vous écrire, que vous me lisiez sans me voir. Laissons la matière au réel et penchons nous sur les fossés de l’esprit. Mais d’abord, oubliez qui je suis, oubliez-vous, c’est ce voyage qui nous apprendra qui nous sommes. Mettons-nous à nus avec pudeur, les yeux fermés.
C’est par l’écriture que je me déshabille, en vous offrant mes mots comme seule fenêtre sur le monde, sur moi-même. C’est ainsi que je tente de m’extraire des choses physiques et superficielles. Je ne dis plus regardez-moi, mais écoutons-nous.
I write to you, so you may hear me without seeing me. Let us separate ourselves from our material reality and peer into the depths of the soul. But first, I want you to forget your image of me, and of yourself, for this journey will show us who we really are. Humbly, with eyes closed, we’ll bare our souls.
I bare myself through writing. In offering you my words, I open the window to the world, to myself. I attempt to extract from myself all that is material and superficial. Instead of, “look at me,” I now say, “listen to us.”
Alors que je m’arrache aux sirènes de la vie extérieure je laisse enfin le silence me visiter, et le temps s’échapper lentement sous mes doigts impatients, tant pis.
Se laisser penser, penser beaucoup jusqu’à incubation, ressasser ses idées, ses questions, sans lutter contre le doute qui s’installe et me ronge en me ramenant sans cesse à ma condition. La solitude, c’est effrayant.
Finalement, je m’autorise à me voir et à ressentir, pour enfin écrire.
As I tear myself from the siren song of the outside world, finally, I let the silence fill me, as time slips slowly though my impatient fingers, oh well. I surrender myself to reflection, to the point of incubation, dwelling on my thoughts, my questions, my doubts, without resisting those which take hold of and gnaw at me, those ceaseless reminders of my condition. It’s frightening, this solitude.
At last, I grant myself permission to look upon myself, to endure myself, to finally write.
Écrire l’inconnu pour tenter de retrouver le temps passé, le temps perdu, et comprendre aujourd’hui. Écrire c’est guérir à plusieurs dans la solitude. Oui, écrire c’est se rejoindre. Les mots deviennent le lieu de communion de nos esprits, là où nos intimités se reconnaissent. Lire, autant que écrire, c’est se tourner vers soi-même et se regarder. C’est faire une pause.
Comme la nuit qui nous arrache au conscient laissons-nous aller à la douceur de cette introspection lente et cruelle à la fois. Disons je ne sais pas, alors je vais voir. J’écris pour me reconnaître, et tenter de clarifier ce flou existentiel. Comme une langue qui me serait étrangère j’essaye de me traduire à moi-même et aux autres. C’est un cri, c’est dire écoutez-moi, écoutez la vérité.
I write the unknown, in attempt to rediscover the past, to regain lost time, and to understand the present. To write is to heal together through solitude. Yes, to write is to come together. Our words are a place of communion, where our intimacies recognize each another. And to read is to turn one’s gaze inward as much as when writing. It is a moment for oneself. Just as the night tears us away from consciousness, we must abandon ourselves to the sweetness of this introspection that is slow as it is cruel. “I don’t know,” we’ll say, “so I will wait and see.” Writing is how I discover myself, in search of clarity in this existential haze. I try to translate myself, for myself and for others, as if I were a foreign language. This is a cry, urging you to hear me, to hear the truth.
Il faut être perdue pour vouloir ranger se pensées. C’est ce que je ressens, alors je me retourne sur le passé jusqu’à ce que le brouillard qui m’empêche d’avancer et donne à mes pas ces oscillations maladroites se dissipe. Je me rappelle que je ne sais pas, que l’illusion confortable n’est que la métamorphose de la vérité, alors je cherche les réponses. Et ceci pour toujours, peut-être. Comme au théâtre où la scène devient le lieu des métamorphoses où l’on apprend à mentir bien pour dire plus vrai, l’écriture est l’ouverture des rideaux qui déshabille le plancher noir ébène des comédiens pour laisser le public y poser le regard, puis l’esprit et enfin le coeur.
Écrire c’est l’espoir de se réveiller le jour du temps retrouvé.
I must be lost to want to sift through my thoughts. But it is how I feel, and so until this fog dissipates, this fog that blocks my path and gives my gait a clumsy swing, I look to the past. I remind myself of all that I don’t know, that this comfortable illusion is but a metamorphous of the truth. And so, perhaps indefinitely, I seek answers. Like a theatre where the stage is a place of metamorphous, and to speak the truth, one must learn to lie well, writing is the opening of the curtains, revealing an ebony black stage, empty, inviting the audience place their attention, then their soul, and finally, their hearts.
Writing is the hope I’ll wake up the day when lost time has been found again.
C’est beau
Love❤️